Pourquoi et comment?
En 1925, le Goncourt, qui avait acquis ses lettres de noblesse,
était décerné, non pas comme à présent au mois de novembre, mais le
premier lundi de décembre, à l'issue du déjeuner, désormais au restaurant
Drouant à Paris.
Le mercredi 15 décembre, la réunion des dix se poursuivait dans le huis
clos du salon réservé chez Drouant et les délibérations se
prolongeaient comme à l'accoutumée. Après deux heures de scrutin, le vote
n'était toujours pas clos. Le temps passait. Dans une pièce voisine,
l'oeil et la montre, l'estomac creux, journalistes, courriéristes et
informateurs littéraires, pourtant habitués du rite et des lieux,
laissaient paraître quelque fébrilité. Mais tout allait changer. Georges
Charensol proposa à ses camarades attachés à la même galère de prendre
ensemble leur repas dans un petit restaurant voisin du Drouant, à la
Fontaine Gaillon. Ils acceptèrent avec enthousiasme et Gaston Picard
s'écria :"Pourquoi ne décernions-nous pas un prix nous aussi" Georges
Charensol à qui l'idée parut excellente répondit :" un prix de
journaliste, auquel nous donnerions le nom de Théophraste Renaudot, le
premier journaliste français".
En décembre 1926, un jury de dix membres, autant que chez les
Goncourt, fut constitué. Ils décidèrent de prendre un journaliste par
journal ( le choix fut fait par rapport aux quotidiens de l'époque et non
par rapport aux journalistes) et ceci jusqu'en 1945. Il se composa d'une
femme et de neuf hommes.

Odette
Pannetier du Candide
Georges
Charensol des Nouvelles Littéraires - Pierre Demartres du Matin
Marcel Espiau
de l'Eclair - Georges Le Fève du Journal
Georges Matin
du Petit Journal
Raymond de Nys
l'intransigeant - Gaston Picard du Renaissance
Noël Sabord du
Paris Midi - Henri Guilac du Canard Enchaîné
(dessinateur
du Canard Enchaîné, il s'estimait incompétent pour assumer
ce choix et
avait démissionné presqu'aussitôt)
Marcel Sauvage du Matin
( remplace Henri Guilac)



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